regles-decriture

Vous écrivez. Des jours, des semaines, des mois. Vous avancez. Mais vous galérez.

Donc vous cherchez des solutions : et vous trouvez des règles d’écriture. Alors vous les appliquez, vous les appliquez. Et vous voyez des améliorations.

Alléluia !

Vous êtes sorti du gouffre. Vous savez enfin précisément ce qu’il faut faire. Quoi écrire. Où. Comment. Pourquoi.

Vous vous dites que c’est trop facile maintenant… Mais vous ne vous doutez pas que vous avez raison. Parce que oui : vous appliquez les règles et vous progressez. Sauf qu’un problème persiste. Un je ne sais quoi, qui vous empêche d’avancer…

Un démon tapi dans l’ombre :

Oui. Je vais faire un parallèle entre les règles d’écriture… Et un petit diable incitateur posé sur votre épaule.

Parce qu’il s’agit bien de la même chose : le petit diable vous chuchote à l’oreille. Il vous dit de faire telle ou telle chose. Vous l’écoutez. Et ça marche. Alors vous lui faites suffisamment confiance pour faire tout ce qu’il dit. Sauf que…

Sauf que c’est une fois que vous suivez aveuglément ces conseils que ceux-ci se révèlent être des pièges. Naturellement : vous tombez dedans. Sans même vous en rendre compte.

Les règles d’écriture possèdent ce même mécanisme vicieux.

Elles vous aident à mieux écrire. À effacer les problèmes de votre roman. À vous améliorer. Alors vous croyez aveuglément en ces règles. Après tout : elles ont prouvé leur efficacité.

Mais à trop suivre les règles, celles-ci vous emprisonnent. Vous restreignent. Et finalement, vous créent de nouveaux problèmes.

C’est là que réside le piège : si vous êtes débutant, les règles vont développer votre savoir-faire comme vous ne l’auriez imaginé… Puis elles vous empêcheront de progresser. Vous serez bloqué par un savoir limitant.

Cette fausse bonne idée qui fait des ravages :

À quelle idée fais-je référence ?

Celle qu’en écriture nous sommes tous « jardinier » ou « architecte ».

Comprenez : certains écrivent en planifiant, d’autres au fil de l’eau. Mais le pire, c’est que selon cette idée, on ne choisit pas. On a naturellement une préférence pour l’une ou l’autre des deux approches.

Cette idée est donc néfaste parce qu’elle pousse beaucoup de jeunes auteurs à se lancer dans l’écriture sans aucune préparation. Parce que, les règles, ils ne les connaissent pas. Alors suivre son instinct paraît plus facile. Plus naturel.

Sauf qu’à écrire les yeux fermés, on écrit mal. Et on ne progresse pas.

C’est pourquoi je trouve que l’opposition jardinier/architecte n’est pas à promouvoir. À la place, je préfère parler de trois catégories. Si vous suivez mes conseils par mails vous en avez peut-être déjà entendu parler. Il s’agit :

  • Des virtuoses.
  • Des doux rêveurs.
  • Des créatifs ambitieux.

Les virtuoses :

Ce sont ces grands auteurs qui n’ont jamais appris les règles d’écriture. Ils ont simplement lu et pratiqué… Les mécanismes de la narration se sont subtilement insérés dans leur cerveau. Jusqu’à ce qu’ils puissent les utiliser naturellement en écrivant.

En toute logique, vous comme moi ne faisons pas partie de cette catégorie : nous apprenons ces mécanismes quand les virtuoses les intègrent progressivement.

Les doux rêveurs :

Ce ne sont pas des virtuoses. Mais ils ne s’intéressent pas aux règles d’écriture pour autant. Pour eux, l’écriture ne s’apprend pas. Elle se sent. Elle évolue. Et elle se pratique uniquement à l’aide de son imagination. (J’étais comme ça avant.)

Les doux rêveurs ont donc la même approche de l’écriture que les virtuoses. Le problème c’est que, comme la plupart des gens, ils ne comprennent pas réellement comment fonctionne un récit. Alors ils se retrouvent à écrire au hasard sans jamais obtenir de résultats convaincants.

Heureusement, il existe un moyen de sortir de cette catégorie : intégrer la suivante.

Les créatifs ambitieux :

C’est la catégorie d’auteurs auxquels je m’adresse.

Ceux qui n’ont pas de compréhension instinctive du roman… Mais qui n’ont pas non plus peur de travailler. D’apprendre pour s’améliorer. Bref, ceux qui étudient les mécanismes de la narration pour, petit à petit, les maîtriser aussi bien que les virtuoses.

Maintenant que vous avez ma vision complète de l’écriture, je vous propose de voir comment utiliser les règles qui la régissent sans pour autant limitez votre imagination.

Bien écrire et être libre :

La force des balises :

J’ai déjà parlé des balises notamment dans mon guide de création de personnage gratuit. Mais je n’ai jamais vraiment pris le temps d’expliquer comment les utiliser.

Pour ceux qui ne savent pas ce que sont les balises : il s’agit d’une autre manière de voir les règles d’écriture.

Là où les règles vous dictent ce que vous devez faire, les balises vous guident. Elles vous indiquent le bon chemin et vous permettent de vous éloigner « des sentiers battus » pour exprimer votre créativité sans pour autant vous perdre et écrire n’importe comment.

Voir les règles comme des balises c’est accepter qu’il y ait des règles « naturelles » et s’efforcer de les comprendre pour les utiliser à son avantage.

Prenons le cycle des marées comme point de comparaison.

Une personne ignorant totalement que les marées existent (ignorent les règles) se fait rattraper par l’eau et meurt noyée.

Quelqu’un qui a conscience de ce phénomène naturel et l’accepte comme une fatalité (connaît les règles) saura qu’il devra attendre plusieurs heures avant que l’eau ne remonte et que son bateau ne flotte. Il pourra donc naviguer.

Mais un individu qui a compris le fonctionnement de la marée et sa puissance (les règles n’existent pas, ce sont des balises permettant de parvenir à nos fins) pourra créer un barrage hydraulique et utiliser ce cycle à son avantage.

Les balises, c’est ça.

Ne pas laisser les vagues décider pour nous si nous pouvons faire ceci ou cela. Mais prendre les vagues et les faire siennes.

Passons au concret.

Comment utiliser les balises :

Pour vous simplifier la tâche, j’ai découpé l’utilisation des balises en quatre étapes :

  • Comprendre.
  • Observer.
  • Appliquer.
  • Vérifier.

Comprendre :

Avant d’utiliser une voiture, vous apprenez bien à conduire ?

Eh bien avant d’utiliser une technique, vous devez comprendre comment elle marche et les effets qu’elle a.

C’est tout simple. C’est basique. Mais si vous vous dites simplement : « J’ai lu que telle technique permettait de scotcher les lecteurs au livre ». Et que vous commencez à l’utiliser… Vous ne faites que recopier bêtement une technique. Vous vous laissez « porter par la marée », plutôt que de l’utiliser à votre avantage.

La balise n’en est alors plus une.

Donc première étape : bien comprendre ce que l’on fait.

Observer :

Il existe tout un tas de techniques d’écriture différentes. Certaines ne correspondront pas à votre roman, ou seront utiles dans des situations précises.

Ce n’est pas parce que vous avez dix feutres de couleurs différentes que votre dessin doit être composé de dix couleurs.

Ce n’est pas parce que vous connaissez une technique que vous devez l’utiliser.

(Oui, je suis très comparaison imagée aujourd’hui.)

Cette seconde étape consiste donc à observer objectivement votre histoire et à déterminer les problèmes qu’elle contient.

Ensuite, en fonction de vos observations. Vous décidez de la balise que vous allez utiliser pour remédier à ce problème.

Appliquer :

Vous allez tout simplement utiliser la balise. Modifiez votre histoire pour faire disparaître le problème.

Vérifier :

Sûrement l’étape la plus ardue : la vérification.

Maintenant que vous avez utilisé une balise pour améliorer votre histoire… Vous devez être sûr que votre travail a eu l’effet escompté.

Vous allez donc vous concentrer sur le problème initial qui a motivé votre utilisation de la balise. Et vérifier qu’il n’existe plus (ou n’est plus gênant).

Si c’est le cas, très bien. Mais ce n’est pas fini.

Vous devez maintenant vérifier que l’ajout/ la modification que vous avez fait à votre histoire n’a pas créé de nouveaux problèmes.

C’est là que comprendre le fonctionnement de la balise est primordial. Car vous savez les conséquences qu’elle peut avoir. Et donc vous savez quels potentiels problèmes traquer.

Si vous ne détectez aucun nouveau problème : Vous avez amélioré votre texte sans vous laisser restreindre, sans en faire pâtir votre originalité. Vous avez utilisé une balise avec succès !

Exemple :

Voici une balise : « Les noms des personnages doivent être facilement différenciables. De préférence, aucun ne devrait commencer par la même lettre qu’un autre ».

Cette balise existe pour permettre aux lecteurs de suivre l’histoire sans souci. S’ils confondent les personnages à cause de noms trop similaires… C’est le fouillis absolu.

Maintenant, imaginons que dans mon histoire j’ai des personnages qui portent des noms très ressemblants. Disons Marie, Marianne et Myriam. Sauf que ces noms sont importants pour mon histoire. Il faut vraiment que ces personnages les gardent.

J’ai donc un problème : j’ai fait le contraire de ce que recommande une balise.

Si vous vous contentez d’appliquer la balise (qui devient donc une règle) vous modifiez les noms et puis basta ! Vous morcelez donc votre histoire qui, je le rappelle, tournait entre autres autour des noms de vos personnages.

Mais si vous comprenez vraiment le principe de cette balise, vous savez que son but n’est pas de pourvoir des noms bien différents à tous les personnages… Mais simplement de faire en sorte que les lecteurs suivent normalement le récit.

Des noms différenciables n’est qu’un moyen d’arriver au vrai but.

Sachant cela, vous pouvez décider de garder les prénoms Marie, Marianne et Myriam, mais en trouvant le moyen que les lecteurs ne s’y perdent pas.

Vous avez alors l’idée de donner à chacun des trois personnages un surnom bien différent de leur prénom. Un surnom attribué par d’autres personnages et qui fait référence au caractère ou au passé de ces femmes.

Résultat : Vous pouvez appeler Marie, Marianne et Myriam par leur surnom (ce qui évite d’embrouiller les lecteurs avec des noms trop identiques) et elles possèdent toujours ces prénoms importants pour votre récit.

La balise est utilisée. L’histoire n’est pas amoindrie.

En fin de compte :

Je posais une question dans le titre de cet article : Les règles d’écriture sont-elles dangereuses pour la créativité ?

Vous l’aurez compris : je pense qu’elles le sont. Et pourtant, je ne pense pas qu’il faille les ignorer pour autant (pour ne pas devenir un doux rêveur).

Comme bien souvent, l’idéal réside dans un certain équilibre. La conscience des règles, mais une distance suffisante pour ne pas les laisser nous contrôler.

Je vous laisse me dire en commentaire ce que vous en pensez.

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